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15
Mar-2017

La Lanterne de Cali [Colombie]

Ambiances   /   Tags:

Les plus belles rencontres ne tiennent parfois pas à grand-chose. Un mur couvert de vieilles affiches, une porte de hangar entrouverte, un ouvrier désœuvré qui nous invite à passer la porte… Voilà comment nous avons rencontré Olmedo, Jaime et Hector, imprimeurs à Cali.

Ce matin-là, agglutinés derrière un écran d’ordinateur, ils ne semblent pas avoir beaucoup de pain sur la planche. On leur pose quelques questions et nous voilà rendus dans l’atelier. Dans un joyeux bordel poussiéreux, sous la laine de verre qui pend du plafond, deux presses rotatives du XIXe siècle attendent la prochaine commande.

La spécialité de La Linterna c’est l’impression d’affiches grand format, des modèles originaux créés par nos trois protagonistes à base de caractères en bois pour les lettres et de plaques gravées pour les illustrations. On se retrouve rapidement à fouiller dans un tiroir à l’affût de quelques affiches qu’on pourrait ramener en France : un panda pour le premier anniversaire d’une petite fille, une invitation de mariage, des citations révolutionnaires ou des pubs sur la ville de Cali.

Au fil de la discussion, on apprend que La Linterna, ses 3 employés et ses machines sont en sursis. Le patron, qui vit à Bogota, veut vendre les presses et se lancer dans le numérique. L’impression traditionnelle ne trouve plus assez de débouchés et ne répond plus aux exigences des clients d’aujourd’hui : rapidité, efficacité et réduction des coûts.
Jusque dans les années 1980, l’imprimerie éditait un journal local et tournait à plein régime. Olmedo se souvient « ça fait plus de 30 ans que je travaille ici. Je suis rentré comme simple employé administratif, et puis j’ai appris le métier d’imprimeur sur le tas ».

Les ouvriers sont résignés. « Ca devait arriver… ». Mais par amour du métier, ils espèrent qu’avec ou sans eux, les machines continueront à tourner. On commence à plaisanter sur un rapatriement des presses en France où le côté vintage des impressions à l’ancienne aurait sans doute plus de succès qu’en Colombie. Ils nous prennent au mot, on se retrouvera, quelques jours plus tard au téléphone avec le patron, à discuter du prix des engins !

Les heures passent et on finit par s’échanger nos coordonnées. Les gars nous proposent de nous imprimer quelque chose. Oui mais quoi ? On n’a rien à imprimer, pas de projet en cours, rien à vendre en rentrant au pays… Pourquoi pas un souvenir ? Oui pourquoi pas, on y réfléchira, quoi qu’il en soit on repassera lundi pour dire au revoir…

Pas besoin d’y réfléchir très longtemps. Ce sera une affiche du voyage, qui retrace les kilomètres parcourus et les villes traversées. Lundi matin, 9h, le brief, le croquis, le choix des typos et des couleurs. Deux jours plus tard, les tonnes de fonte finissent par s’animer sous nos yeux. On fait ensemble les derniers calages et on observe le roulement des cylindres éjecter une à une nos affiches Zou Maï. Elles ne sont pas parfaites, la machine laisse quelques traînées, l’encre mal répartie dépose une petite tâche ici où là. Mais qu’est-ce que c’est beau !

Cette fois il est vraiment temps de se dire au revoir. Et peut-être à bientôt…

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