Fév-2017
Peinture et propagande [Pérou]
Derrière les vitres des bus, les noms et les couleurs défilent. De gros aplats, toujours les mêmes, les mêmes couleurs sans nuances, les mêmes patronymes aussi. Le Pérou est barbouillé de propagande électorale, dans tous ses villages, sur toutes ses avenues. Paysage immanquable car omniprésent.
Peu de briques d’adobe ou de murs de chaux échappent aux coups de pinceaux des militants. Acuñas, Keiko, Alan, PPK, Goyo… Les candidats à la dernière présidentielle se répètent à l’infini, pochoirs plus ou moins fanés par le soleil, occupant les façades, les longs murs bordant les friches, les maisons abandonnées. Parfois, les noms changent, lorsqu’on passe d’une province ou d’une commune à l’autre. Presidente, congreso, región, alcalde (maire) : chaque échelon politico-administratif vaut un trait de pinceau. Peu de slogans mais une foule de noms, coups de pub personnalisés pour tous les aspirants à une parcelle de pouvoir, qu’elle soit petite ou immense.
Ces peintures partisanes sont-elles l’oeuvre de barbouilleurs sauvages ou d’affichistes autorisés ? Un Péruvien nous a avoué que cette propagande colorée constituait une vraie pollution visuelle et pouvait engendrer des situations pour le moins gênantes. Car si les bâtiments laissés à l’abandon et les bouts de murs encore debout n’intéressent personne, certains habitants se sont déjà réveillés un matin avec le nom d’un candidat peint sur 4 mètres de long et 2 mètres de haut sur la façade de leur maison, sans qu’ils n’aient été consultés au préalable, cela va de soi.
Les dernières élections présidentielles de juin 2016 ont consacré « PPK » ou Pedro Pablo Kuczynski, candidat du centre-droit, face à Keiko Fujimori, fille de l’ancien autocrate Alberto Fujimori, aujourd’hui en prison pour violation des droits de l’Homme et corruption. La campagne s’est tue, les militants ont rangé leurs pots de peinture. Mais les Acuñas, Keiko, Alan, PPK et Goyo vont poursuivre encore longtemps, tant que le soleil ou une nouvelle élection ne les aura pas effacés, leur propagande acrylique sur les murs du Pérou.
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